
La grâce de Goldoni

Portrait de
Carlo Goldoni


arlo Goldoni est né en 1707 à Venise. Sa carrière de juriste sera vite éclipsée par sa passion du théâtre. Mais il rêve d'une grande "réforme". En effet, seule la Commedia dell'arte règne encore en maître dans les théâtres italiens et fait figure de tradition nationale. Or, il critique avec virulence ce théâtre, comme l'illustre sa phrase qui suit : "il ne passait sur les scènes publiques que de dégradantes arlequinades, de honteuses et scandaleuses galanteries, d'immondes jeux de mots, des intrigues mal venues et, de plus, malmenées, sans moeurs, sans ordre..." (A noter toutefois qu'il parle ici de la Commedia dell'arte française en pleine décadence à son arrivé en 1762 au pays de Molière.)
Carlo Goldoni, que l'on surnomme le "Molière italien", d'abord fidèle à la tradition, va petit à petit parvenir à supplanter les pièces à canevas par des pièces écrites de bout en bout, à retirer les masques des acteurs et composer de véritables "comédies de caractère". En 1750, dans la pièce "Pamela", pour la première fois, les acteurs jouent à visage découvert.
Admirateur de Molière, il est également fasciné par la société et ses travers, comme l'illustre bien "La trilogie de la villégiature". Selon lui, le 18ème siècle est celui de la femme, régnant incontestablement dans tous les domaines, que ce soit des arts, de la politiques et des relations sociales. Son Arlequin déclare d'ailleurs, dans "Femmine puntigliose" : "Le sexe triomphe et les hommes sont réduits au rang d'esclaves enchaînés." Ses héroïnes de caractère sont nombreuses : le nombre de ses pièces portant des noms féminins le prouve. Elles incarnent le charme et la vivacité de la pièce, et aussi une nouvelle conception de la vie, par les héroïnes, qui, cette fois, ne repose pas uniquement sur le mariage. Les héroïnes de Goldoni annoncent l'émancipation et le réveil de la femme : elle a une situation sociale, sait diriger les affaires et prend en main son avenir.
Goldoni arrive en France en 1762 et y passe ses trentes dernières années. Il présente au roi Louis XV sa réforme du théâtre. Il meurt en 1793.
Goldoni ne tue pas pour autant la Commedia dell'arte. Il apporte un nouveau théâtre en Italie, comme Molière l'a fait en France.
* Note du webmestre : je vous recommande chaudement la lecture des "Mémoires de M.Goldoni : pour servir à l'histoire de sa vie et à celle de son théâtre.", de Goldoni, édition Mercure de France, collection "Le temps retrouvé", dernière édition de mars 2003. ISBN 2-7152-2380-3 (9,20€, 665 pages)
(Version économique !)